Martelage

Rendez-vous sur les hauteurs de Xoulces (hautes Vosges) pour une « virée » de martelage, c’est ainsi que l’on nomme le comptage et le repérage d’arbres sur un secteur de forêt.  Les agents de l’ONF sont accompagnés d’une classe de BTS gestion forestière en 2 -ème année du lycée agricole de Mirecourt.

L’équipement de base est sommaire. Il comprends, un marteau, ou sorte de hache ornée d’une empreinte ou poinçon à l’effigie de l’AF en lettre gothique (Administration forestière). Il sert à enlever une écaille d’écorce et à marquer l’arbre. Un compas ou grand pied à coulisse, utilisé pour mesurer le diamètre du tronc afin d’en connaître le cubage grâce à des abaques. Une griffe à marquer les arbres retenus pour la biodiversité  et  d’un TDS (terminal de saisie) pour enregistrer les données, l’emplacement GPS, l’essence et sa catégorie dans les diamètres.

C’est les premiers jours de Novembre et à cette altitude la pluie fait des flocons. La forêt est riche d’une multitude d’essences différentes, les sapins trônent accompagnés des cousins épicéas, les hêtres, érables et autres feuillus occupent les puits de lumières. La faune est bien présente vu les nombreuses crottes de cerfs ici et là. Un écureuil croise le sentier. Au loin, le chant d’un pic noir perce le silence. L’odeur est caractéristique de la saison, les champignons sont partout.

Entreprise publique de la filière forêt-bois, l’ONF rassemble près de 10 000 professionnels en métropole et outre-mer. Au quotidien, l’action des forestiers s’articule autour de trois objectifs indissociables : la production de bois, la protection de l’environnement et l’accueil du public. L’Office réalise également des missions de service public dans le domaine de la gestion des risques naturels, et propose des services aux collectivités et aux entreprises.

Guillaume Antoine, brigadier (chef d’unité territoriale), sera le responsable de la virée du jour, il entraîne toute l’équipe à flanc de coteau où chaque groupe travaillera sur une courbe de niveau bien définie afin que toute la parcelle soit couverte.

La démarche d’une virée est de proposer un lot de bois en vue d’une exploitation ultérieure. Les agents forestiers établissent une liste détaillée du contenu des lots et répertorient précisément les arbres. Certain resteront sur place et ne seront jamais exploités (arbres bio), alors ils finiront leurs vies de vieux sapins au fond des bois, serviront de perchoirs à d’illustres  grands tétras ou à des abris de chouettes. Ils disperseront leurs semences à tous vents, noble mission. Le travail  du jour est également pédagogique. Les étudiants ont pour la plupart déjà pratiqué le martelage mais au delà du geste technique c’est la connaissance du milieu qui est à prendre en compte. Une forêt de montagne ne se gère pas de la même façon qu’une forêt de plaine. Beaucoup de données sont à prendre en compte, comme la pression du gibier présent, l’altitude, l’orientation ou la répartition des essences, les difficultés d’exploitation, le travail du bûcheron ou du débardeur.

Ce rendez-vous forestier est déjà à vocation visuelle. La petite équipe avance d’arbre en arbre et s’interroge sur quelle décision prendre sur chaque arbre ou groupe d’arbres. S’il est décidé de prélever, alors le désigné est nommé, mesuré et enregistré à haute voix. S’en suit une signature au marteau à différents endroits de chaque côté du tronc pour faciliter le travail du bûcheron lors du repérage et de l’abattage des bois

A la fin de la journée et grâce au terminal de saisie, une fiche est éditée sur la parcelle couverte et sera proposée à d’ éventuels acheteurs ou exploitée directement par les ouvriers-bûcherons de l’ONF pour vendre le bois bord de route l’année suivante.

Une virée est essentielle à la gestion d’une » forêt exploitable » Les agents de l’ONF travaillent avec passion et réflexion sur des espaces vivants où tout est lié.